Apocalypse : Introduction 2, historique et dates
prédication Apocalypse 1 : Michel Bohrer, 2014_06_04, église AB Vevey
titre : Apocalypse : Introduction 2, historique et dates
La date
Trois dates sont proposées : celle sous Domitien (95-96), celle sous Néron (60-68) et celle sous Vespasien (69-79).
Date domitienne
Différents passages semblent décrire le conflit s’accentuant entre 1’Église et l’empire Romain avec ses Césars. Bien que primairement prophétiques dans leur interprétation, beaucoup de passages font réellement allusion aux différentes tribulations des chrétiens auxquels s’adressait l’apôtre. Ainsi, la bête (13.4,15 ; 14.9-11 ; 15.2 ; 16.2 ; 19:20 ; 20.4,17) semble personnifier l’empire Romain avec son chef, où la première persécution générale pourrait s’insérer dans la période domitienne. Aussi, le culte de l’empereur fut-il à nouveau renforcé. En effet, déjà Jules César revendiquait les honneurs divins. Auguste fit ériger des temples en son honneur et à celui de Rome. Caligula exigea l’adoration universelle de sa propre statue qu’il voulait faire placer dans le temple de Jérusalem. mais, il mourut prématurément, assassiné, et ce plan ne fut jamais exécuté. Néron chercha simplement un bouc émissaire après l’incendie de Rome. Vespasien et Tite son fils étaient des hommes pratiques et ne développaient guère le culte de leur personne ; Avec Domitien, l’exaltation de la personne de l’empereur fut mis en relief, tandis que Trajan l’avait considérablement renforcé.
Eusèbe mentionne la persécution sous Domitien. Il fit aussi ériger un nouveau temple de César à Ephèse voué au culte de sa personne, ce qui explique les persécutions en Asie mineure. Ainsi, Jean semble avoir été exilé à l’île de Patmos, Antipas avait subi le martyr à Smyrne, où sévissait une persécution générale (1.9 ; 2.9-13), Jean fait état d’une détérioration dans les églises d’Éphèse, de Thyatire, de Sardes, de Pergame et de Laodicée. Or, pour arriver à un pareil état de choses, il devait se passer un certain laps de temps, si bien que la rédaction de ces lettres serait prématurée sous Néron. D’autre part, l’église de Smyrne n’avait pas encore existé avant 60 – 64 selon un écrit de Polycarpe qui rapporte que les chrétiens de cette ville ne connaissaient pas le Seigneur lorsque Paul écrivit sa lettre aux Philippiens (63) et Charles, p.ex., exclut une rédaction avant 75 (Guthrie, p. 955). L’apôtre Jean s’est-il servi des Évangiles de Matthieu et de Luc ? Charles fait un rapprochement entre l’Apocalypse et ces Évangiles (Apoc l.3 – Mat 26:18 ; Apoc 1. l6 – Mat 17.2 ; Apoc 1.3 – Luc 11.28 ; Apoc 6.17 – Luc 21.36 , etc.) (Guthrie p.956)
Date néronienne
Le même 5e roi dans Apoc 17.10 , dit-on, serait identifiable à Néron, mais à condition que l’on commence à compter par Auguste et non par Jules César. Puis, qui serait le 6e roi, Galba, Othon, Vitellius ou Vespasien ? Tite serait-il le 7e et Domitien le 8e roi ?
Le nombre 666 fut aussi identifié à Néron, car la transcription de ce nom en hébreux donne un total de 666. Cet argument provient de Fritsche qui pour la première fois le proposa en 1831.
Le seul argument valable en faveur de la date néronienne semble être la description du temple en Apoc 11 , d’où l’on pourrait conclure la rédaction du livre avant la destruction de Jérusalem.
Mais je considère tous ces arguments comme fallacieux, ces visions ayant trait au temps précédant de peu le retour de Christ, ce qui se couvre parfaitement avec les prophéties de l’A.T. L’interprétation est donc prophétique dans ce cas, mais peut trouver son application secondaire dans des événements historiques pour autant qu’ils puissent y être identifiés.
Date Vespasienne
Ceux qui identifient le 6e roi (Apoc 17.10 ) à Vespasien optent pour cette date. Mais, nous avons déjà mentionné le peu d’intérêt qu’attachait Vespasien au culte de sa personne. En plus, il n’y a pas eu de persécutions sous son règne.
En conclusion, la date de 95-96 peut être proposée, ce qui correspond également à la tradition des Pères.
Circulation et Canonicité
Aucun autre livre du N.T. ne peut revendiquer un aussi grand nombre de témoignages unanimes des pères de l’Église des trois premiers siècles. Adressé aux sept églises d’Asie mineure, ce livre débordait rapidement de ce cadre géographique quant à sa circulation, car son caractère passionnait ses lecteurs qui passaient des temps difficiles sous Trajan.
Il est normal de ne trouver aucune trace d’une allusion à ce livre par d’autres écrivains à la fin du premier siècle, sa rédaction se situant autour de 96.
Hermas dans son « Pasteur », au début du premier siècle, fait allusion à l’Apocalypse, en parlant « d’une grande tribulation » (II,2) (voir Apoc 7. l4), d’une bête, de sa tête à 4 couleurs, de locustes sortant de sa bouche, de l’Église qui a des couronnes de palmes et des vêtements blancs, du « sceau sur lequel est le nom du Fils de Dieu », etc. Toutes ces images sont familières au lecteur de l’Apocalypse.
Ignace, compagnon des apôtres et martyr en 107 , écrivit trois épîtres sans citer les livres du N.T., à l’exception de l’Épître aux Éphésiens. Dans son épître aux Romains, il fait une allusion à Apoc 1.9 (« en hypomoné Jesou », « la patience en Jésus »). Ce terme ne se trouve nulle part ailleurs dans le N.T.
Polycarpe, évêque de Smyrne, probablement ami de l’apôtre Jean, ne nous a laissé aucune citation directe. Mais on trouve des allusions dans le récit de son martyr provenant de l’église de Smyrne. Ainsi, p.ex., lorsque le feu s’approcha de son corps, il fit une prière en commençant par les paroles d’Apoc 11.17 (« Kyrie ho Theos ho pantokrator » – « Seiqneur Dieu Tout-Puissant »).
Papias, évêque de Hierapolis, un des auditeurs de l’apôtre Jean et ami de Polycarpe, écrivit sur le Millénium dans un quart de ses cinq livres, qui ont tous péri selon Eusèbe. Celui-ci, en 324 et André, évêque de Césarée au 6e siècle, témoignent de l’emploi que Papias avait fait de l’Apocalypse. Antichiliaste, André écrivit lui-même un commentaire sur ce livre en affirmant son authenticité. Il écrivit: « Concernant l’inspiration de l’Apocalypse, nous pensons qu’il est superflu d’employer beaucoup de mots pour montrer que Grégoire béni, le théologien Cyril et des hommes plus anciens, à part Papias, Irénée, Méthodius, Hippolyte, ont rendu témoignage au titre que ce livre a pour ce qui est de notre confiance » (Gaussen « The Canon of the Scriptures » p. 293). Eusèbe, également amillénariste, prétendait qu’Irénée et d’autres avaient reçu la doctrine du Millénium de Papias « un homme de petite capacité, qui formulait son système basé sur une fausse construction des narrations apostoliques ».
Justin Martyr, un philosophe converti, né en Palestine, qui souffrit le martyr en 165 , écrivit dans son « Dialogue avec Trypho » (155 – 160) ». « Un certain homme parmi nous, dont le nom était Jean, un des apôtres de Christ, prophétisait dans une révélation qui lui fut faite, que ceux qui croient en notre Christ, passeraient 1000 ans à Jérusalem, et que après cette résurrection générale de tous, aurait lieu et un jugement » (Gaussen, p. 295).
La narration des martyrs de Lyons fut composée par une personne échappée en 177. On y trouve les expressions comme « Je suis l’Agneau où qu’il aille » (Apoc 14.4 ) et « au témoin fidèle et véritable et le premier dé des morts » (Apoc 1.5 ; 3.14). On trouve aussi le terme « bête » « thériou »), faisant allusion à la rage de leurs persécuteurs.
Irénée, dans son « De Haeresibus » autour de 186, cite souvent l’Apocalypse comme l’oeuvre de « Jean, disciple du Seigneur » et de « Jean » et comme « L’Apocalypse ». Il parle « des anciennes copies les plus exactes de ce livre saint et du témoignage de ceux qui avait vu Jean de leurs propres yeux », ce qui démontre leur circulation parmi les chrétiens. Il cite ce livre dans 31 passages au moins.
Meliton, évêque de Sardes, écrivait environ en 175 un traité sur l’Apocalypse dont seul le titre est conservé dans les écrits d’Eusèbe (Hist. Eccl. IV, 26). C’était « L’Apocalypse de St. Jean ».
Théophile, évêque d’Antioche, le cite en combattant l’hérésie d’Hermogène en 181.
Clément d’Alexandrie, contemporain de Tertullien et d’Origène, accepta ce livre comme canonique et le cita fréquemment.
Tertullien de Carthage, le plus ancien des pères latins (en 200 env.) cite plus de 70 passages de l’Apocalypse. Il défend ce livre contre Marcion, l’hérétique qui le rejetait, en faisant appel au témoignage des églises d’Asie et à la succession des évêques remontant à Jean, son auteur.
Le Canon Muratorien, un fragment daté vers la fin du 2e siècle, inclut 1’Apocalypse de Jean et ne recommanda pas celle de Pierre.
Au premier siècle, Marcion rejetait l’Apocalypse en 140 env., ainsi que les autres livres du N.T., à l’exception des 10 Épitres de Paul et de l’Évangile de Luc.
Les Alogis, groupe obscur, furent des adversaires féroces du Montanisme qui enseignait le millénium, avec l’effusion de St-Esprit. Ils rejetaient en bloc l’Évangile de Jean et l’Apocalypes.
Caïus écrivit aussi contre les montanistes, spécialement contre Proclus et attribuait l’Apocalypse à Cérinthus. Il accusait ce dernier de l’avoir écrit lui-même en l’attribuant ensuite faussement à l’apôtre Jean, mais il était anti-chiliaste et voyait dans l’Apocalypse des divergences par rapport aux autres écrits du N.T.
Hippolyte, contemporain de Caïus, s’établit à Rome en 235 et réfutait ses thèses, en attribuant 1’Apocalypse à l’apôtre Jean. André, évêque de Césarée au 6e siècle, disait qu’il était l’auteur d’un commentaire sur ce livre. Selon Michaëlis, l’influence des écrits d’Hippolyte y était pour beaucoup dans la reconnaissance universelle de 1’Église du 3e siècle de l’Apocalypse.
Origène, ami d’Hippolyte, mais anti-chiliaste ardent, considère l’Apocalypse comme divinement inspirée et, sortant de la plume de l’apôtre Jean, Eusèbe cite un passage de ses écrits : « Que devons-nous dire de Jean qui mit sa tête sur la poitrine de Jésus, car il ne nous a pas seulement laissé un Evangile… mais, de même il a écrit l’Apocalypse » (Gaussen, p. 302).
Cyprien de Carthage, contemporain d’Origène cite l’Apocalypse comme « une oeuvre de St. Jean, un livre de l’Ecriture Sainte », « un livre inspiré de Dieu ».
Dionyse, évêque d’Alexandrie autour de 235, ne conteste pas la canonicité de ce livre, mais son apostolicité. Il écrivit qu’il n’osait pas le rejeter étant donné que « si nombreux frères s’étaient attachés et « Jean quel qu’il ait été pour écrire l’Apocalypse, avait une révélation divine qu’il recevait du ciel, la connaissance et une prophétie ». Il continue en disant qu’il ne veut pas nier cela et qu’il admet « avec d’autres que cela doit avoir été l’oeuvre de quelque homme saint et divinement inspiré » (Gaussen page 300)
Dès lors, le rejet de l’Apocalypse devient plus fréquent en Orient qu’en Occident. Ainsi, Crégoire Nazinansus, Amphilochius d’Icone et Théodoret émettaient des réserves quant à l’authenticité du livre ou se déclaraient franchement contre.
Dans l’Eglise occidentale, par contre, la vue traditionnelle fut maintenue, mais Ephrème Syrus, Basille de Césarée, Grégoire de Nissa, Epiphane, Athanase, Cyril d’Alexandrie et Didyme en Orient acceptaient également l’Apocalypse comme divinement inspiré.
Jusque là aucune version officielle n’existait quant à la canonicité des livres. D’autre part, l’opposition contre l’inspiration de l’Apocalypse e faisait sentir dans la mesure où les prophéties ne s’étaient pas accomplies. Malgré tout cela, les canons des versions qui omettaient l’Apocalypse, n’étaient pas considérés comme finaux.
En 360 un synode lors du Concile de Laodicée adopta un ordre d’interdire la lecture de tout livre non-canonique lors de services publiques. L’Apocalypse ne figurait pas parmi les livres canoniques. Au Concile de Carthage, en 397, elle figura dans la liste des livres canoniques.
Mais, la liste des lires canoniques fut finalement ratifiée au Concile de Constantinople. Ainsi, il n’y avait plus de doute quant à l’acceptation universelle de tous les livres du N.T. Face au hérésies de plus en plus étalées, comme p.ex. l’arianisme et face à la controverse avec les antichilastes, cette finalité du Canon était vraiment l’oeuvre de Dieu qui veillait sur sa Parole. D’une part, l’Épître aux Hébreux fut acceptée par l’Église occidentale et d’autre part l’Apocalypse par l’Église orientale.
Thème
L’interprétation correcte dépend de la compréhension du thème général. Apocalypse 1.1 fournit la clef, en projetant l’image vers le futur : « Révélation de Jésus-Christ… pour montrer les choses qui doivent arriver bientôt… ». « Révélation » (apokalypsis) signifie « dévoiler ce qui a été caché jusqu’à maintenant ». Mais, c’est aussi la révélation de Dieu à l’homme (Gal 1.12 ) Dieu ne nous a donc pas donné ce livre pour en mystifier les lignes, mais pour nous révéler l’accomplissement de ses plans. Le degré des difficultés dans l’interprétation du livre dépend en grande partie de la compréhension des desseins de Dieu à travers toute la Bible.
Jésus-Christ, L’Agneau, est la clef du livre. Il en est le centre dont dépendront finalement tous les événements. N’est-il pas venu pour mourir à la Croix, afin de vaincre les puissances de ténèbres et d’accomplir les desseins de Dieu ! Dès lors, « le Père lui a donné tout le jugement » (Jean 6.22 ).
Trois thèmes ressortent clairement du livre : le jugement, la rédemption (Apoc 1.5 ; 7.14 ; 12.11) et le royaume de Dieu. Il y a interrelation entre ces sujets. Le Fils de l’homme s’élèvera pour juger le monde qui l’a rejeté sans cesse depuis sa crucifixion, ou plus exactement, depuis la chute de nos premiers parents. La longue patience de Dieu prenant fin, le jugement est transmis au Fils (Jean 6.27 ) qui l’exécutera contre ceux qui auront refusé sa grâce. Parallèlement, il apportera aussi la rédemption finale à ceux qui ont mis leur confiance en Lui. la prophétie biblique, à l’encontre de la philosophie grecque pour qui le temps ressemble à un cercle sans commencement ni fin, a un but précis : l’établissement du royaume de Dieu sur la terre et son prolongement après la disparition des cieux et de la terre dans l’éternité. C’est un perspective extraordinaire.
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Prédicateur: Michel Bohrer